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Qui n’a pas déjà entendu, voire utilisé cette expression? On se doute bien que ce n’est pas la formulation la plus inclusive du monde, mais on se dit peut-être également «C’est ben correct, tout le monde l’utilise», n’est-ce pas? Décortiquons ensemble d’où vient cette expression et ce qu’elle implique.
Un petit tour des générations
En ce moment, on retrouve sur le marché du travail jusqu’à quatre grandes générations actives, un phénomène inédit dans l’histoire récente du travail. Chacune de ces générations a été marquée par des contextes sociaux, économiques et technologiques très différents, ce qui influence leurs attentes, leurs façons de communiquer et leur rapport au travail.
- Les baby-boomers (nés entre 1945 et 1963) ont tendance à valoriser fortement le statut professionnel. C’est une génération très engagée qui a souvent démontré une fidélité envers les organisations et une solide éthique de travail.
- La génération X (1964 à 1978) s’attache habituellement davantage aux conditions de travail et à la stabilité du métier, plutôt qu’à l’entreprise elle-même. Elle a su faire preuve d’une grande capacité d’adaptation face aux nombreux changements vécus au fil de sa carrière.
- Les milléniaux ou génération Y (1979 à 1994) semblent chercher un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette génération privilégie des environnements collaboratifs, où la participation et la quête de sens au travail sont valorisées.
- La génération Z (1995 à 2010), quant à elle, a tendance à vouloir être impliquée activement dans ses projets, recevoir de la rétroaction fréquente, avoir accès à des occasions d’apprentissage rapide et voir des possibilités concrètes d’avancement.
Entre ces générations, les incompréhensions sont courantes. Et dans ce climat, certaines expressions deviennent des symboles de rupture… comme le fameux « Ok boomer ».
« Ok boomer »: au-delà de la blague
L’expression « Ok boomer » a gagné en popularité autour de 2019, propulsée par les réseaux sociaux, en particulier TikTok. Très vite, elle est devenue virale, reprise dans une multitude de mèmes, de vidéos et de commentaires en ligne. Mais au-delà de son côté humoristique, que signifie-t-elle vraiment?
C’est un peu la façon ironique (et parfois exaspérée) de certains jeunes de couper court à un échange perçu comme condescendant ou déconnecté, en provenance de personnes de générations plus âgées. Un simple « ok », court et un brin sarcastique pour dire: «Tu ne comprends pas et tu ne veux pas comprendre, alors je ne vais pas perdre mon temps à t’expliquer».
Dû aux visions parfois opposées de valeurs, de place du travail ou simplement de vision du monde, entre les générations, l’expression « Ok boomer » se retrouve à être l’outil utilisé pour signifier que l’autre est devenu ringard!
Ce genre de dynamique de tension générationnelle où on juge la précédente génération comme déconnectée et ignorante ne date pas d’hier: Certain·es se souviendront peut-être d’une publicité d’auto dans les années 90 où un jeune lançait « Tasse-toi mononcle » à un conducteur trop lent. Même ton, même message: laisse la place, tu n’es plus à la page.
Autrement dit, le fossé entre les générations n’est pas nouveau: il prend simplement de nouvelles formes selon les époques. Ces générations qui semblent toutes opposées seraient-elles plus similaires qu’on ne le pense?
Et si on laissait tomber les étiquettes?
Il est normal d’avoir envie de trouver des repères pour comprendre pourquoi les gens agissent différemment de nous. Les générations sont justement l’un de ces repères: elles nous donnent un cadre pour interpréter certains comportements ou priorités au travail.
Par exemple, on peut se dire qu’une personne cherche plus de stabilité ou d’autonomie parce qu’elle a grandi à une époque marquée par des crises économiques ou des transformations rapides du monde du travail. Mais ces repères restent des généralisations.
Dire qu’une personne agit « comme un boomer » ou « comme un Gen Z », ça peut avoir l’air anodin, mais, en réalité, ça ne nous aide pas à mieux nous comprendre. Au contraire, ça fige l’autre dans une case toute faite. Et quand on colle une étiquette à quelqu’un, on arrête souvent d’écouter vraiment ce que l’autre a à dire. On pense déjà savoir ce qu’iel va dire ou comment iel va réagir. Résultat: le dialogue s’arrête avant même d’avoir commencé. On ne cherche plus à comprendre l’autre personne pour ce qu’elle est, mais pour ce qu’on croit qu’ellel représente.
Et ça, c’est un terrain glissant quand on cherche à bâtir de l’inclusion! On ne l’atteindra jamais si tout le monde reste dans sa bulle, plutôt que de bâtir des ponts entre les générations.
Personne n’aime se faire dire qu’iel est « typique » de sa génération, surtout quand c’est pour invalider ses idées ou ses façons de faire.
L’âge, c’est une donnée, pas une personnalité. Et c’est une donnée sur laquelle on n’a pas de contrôle. On ne choisit pas notre génération, mais on peut choisir la manière dont on entre en relation avec les autres.
Il serait peut-être temps d’abandonner les phrases toutes faites et de miser sur une chose simple, mais puissante: la curiosité. Demander à l’autre personne comment elle voit les choses. Ce qu’elle valorise dans son travail. Ce qui le ou la motive. C’est là que la vraie connexion commence.
Des préjugés dans les deux sens
On aime bien pointer du doigt « les jeunes » ou « les vieux », mais la vérité, c’est que les stéréotypes d’âge vont dans toutes les directions. L’âgisme ne vise pas que les aîné·es: il peut aussi toucher les plus jeunes, qu’on juge trop sensibles, fainéant·es ou geignard·es.
Pourtant, ni les Boomers ni les Gen Z ne forment un bloc homogène. Chacun·e a ses forces, ses défis, ses valeurs. Peu importe l’âge, personne n’aime se faire coller une étiquette qui efface ses réalités. Et si on commençait par écouter avant de projeter?
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